Procès en appel de Maksym Butkevych 22 août 2023 : déclaration de soutien
Ce 22 aout se tient le procès en appel de Maksym Butkevych, militant ukrainien des droits humains, journaliste, engagé dans les Forces armées ukrainiennes et fait prisonnier en juin 2022. Il a été condamné à 13 ans de réclusion dans un procès fabriqué en mars 2023. Les organisations signataires ci-dessous réclament sa libération et appellent à ne pas relâcher la pression sur la Fédération de Russie.
COMMUNIQUE
sur l’examen en appel par un tribunal de Moscou du ‘verdict’
à l’encontre de Maksym Butkevych
Le 22 août 2023, la première Cour d’appel de Moscou va examiner le ‘verdict’ condamnant Maksym Butkevych, défenseur des droits de l’Homme, journaliste, et soldat, à 13 ans de colonie pénitentiaire à régime renforcé par le soi-disant tribunal de ‘LNR’, contrôlée par la Russie.
Maksym Butkevych a consacré près de 20 ans à la défense des droits humains, à l’aide aux réfugiés, demandeurs d’asile et déplacés internes, à la lutte contre les discours de haine et la discrimination. Il était membre du conseil d’administration du bureau ukrainien d’Amnesty International, coordinateur du projet « Sans frontières», et cofondateur du Centre pour les droits de l’homme ZMINA et de « Hromadske Radio ».
Dès le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, Maksym Butkevych a rejoint les Forces armées ukrainiennes pour protéger sa patrie. Il a été fait prisonnier en juin 2022 dans la région de Louhansk, aux environs des villes occupées de Zolote et Hirske.
Le 10 mars 2023 on a appris que le ‘tribunal’ de la soi-disant ‘République populaire de Louhansk’ avait condamné Butkevych à 13 ans de prison en se fondant sur des accusations mensongères : il aurait prétendument tiré au lance-grenades dans le hall d’un immeuble, où deux résidentes s’étaient cachées. En même temps, dans la région de Donetsk deux soldats du régiment ‘Azov’ Vladyslav Shel et Viktor Pokhozei ont été condamnés à respectivement 18,5 et 8,5 ans.
Ce procès fabriqué de toutes pièces, en l’absence complète de preuves et sans tenir compte des informations attestant la présence de l’unité de Maksym Butkevych dans une autre région a la date des soi-disant faits, est à son tourun autre crime commis par la Féderation Russe en Ukraine. Les détails de l’affaire ne contiennent aucune information pouvant le relier de manière plausible au crime présumé, en dehors d’un enregistrement vidéo de son auto-accusation, qui porte toutes les caractéristiques d’un aveu obtenu sous la contrainte. L’avocat de Butkevych n’a pas été autorisé à le défendre devant le « tribunal » de première instance et n’a même pas été informé de la date du procès.
Ce processus a démontré une fois de plus que le gouvernement russe et les structures qu’eil contrôle dans les territoires occupés de l’Ukraine commettent des crimes de guerre contre les prisonniers de guerre. En effet, t, les soi-disant ‘procès’ contre les militaires ukrainiens se déroulent à huis clos, en violation de tous les standards de justice, sont fabriqués pour servir les objectifs de la propagande russe et montrer les militaires ukrainiens comme des criminels sanguinaires.
Cependant, le verdict contre Maksym Butkevych témoigne également de la volonté manifeste de le dénoncer ses activités de longue date dans le domaine des droits humains. Dès le début de la captivité, les médias de propagande russes et les réseaux sociaux ont diffusé des informations mensongères sur Maksym, dans lesquelles il était qualifié de ‘militant ‘nazi’, ‘propagandiste’ et ‘russophobe’, soulignant sa participation à l’Euromaïdan et l’accusant d’incitation à la guerre.
Les organisations ukrainiennes des droits humains, Amnesty International, Human Rights Watch, Memorial, les députés de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe et d’autres organisations ont condamné le procès contre Maksym Butkevych. Une pétition pour sa libération a recueilli environ 2 500 signatures. En novembre 2022, Maksym Butkevych a reçu le prix tchèque ‘Histoire de l’injustice’ : son père Oleksandr est allé à Prague le recevoir à la place de son fils.
Étant donné que la justice n’existe pas dans la Fédération de Russie et ses territoires occupés, nous n’avons aucune illusion et aucun espoir d’un procès équitable. Dans le même temps, nous appelons la communauté internationale à continuer de faire pression sur la Fédération de Russie pour libérer Maksym Butkevych et tous les citoyens ukrainiens militaires et civils injustement emprisonnés. Nous appelons également les autorités ukrainiennes à enquêter sur ce crime, et la communauté internationale à introduire des sanctions personnelles contre tous ceux qui sont impliqués dans la fabrication de la procédure visant Maksym Butkevych.
Signataires :
- Centre des droits de l’homme ZMINA
- Centre d’action sociale
- Projet No Borders
- Union ukrainienne des droits de l’homme d’Helsinki
- Docudays
- Alliance des organisations ukrainiennes (Allemagne)
- Plate-forme des droits de l’homme
- Charity and Health Foundation (Fondation pour la charité et la santé)
- Alliance pour la santé publique
- ONG « Femmes dans les médias »
- Radio Hromadske
- Centre Ukrainien d’information de crise
- Fondation régionale de Kharkiv Public Alternative
- Free Belarus Center
- PEN Ukraine
- Forum Civique Européen
- ONG « Internews-Ukraine » (en anglais)
- ONG « UKRAINEPRIDE
- Institut d’information de masse
- Collectif français du RESU (Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine)